Si vous êtes fan de la saga Harry Potter, ou juste un tant soit peu branché pop-culture, vous connaissez sans doutes les reliques de la Mort. Ces trois objets tirés d'une légende diégétique qui donnent son nom au dernier volume de la saga ont une importance cruciale dans le récit et on découvre que deux d'entre eux avaient déjà été introduits en grande pompe dès le premier livre, sans qu'on le sache. C'est trois objets sont : la pierre de résurrection (la fameuse pierre philosophale), la cape d'invisibilité et la baguette de sureau.
Je ne vais pas raconter la légendes des trois frères qui obtiennent ces reliques de, eh bien, de la Mort, hein, c'est dans le nom, toutefois, je vais m'attarder sur le symbole des reliques, qui a également son importance dans l'univers d'Harry Potter, et qui reprend les trois objets de manière stylistique. Ce symbole, vous le connaissez sans doute, c'est celui-ci :
Le triangle, c'est la cape d'invisibilité, le cercle, c'est la pierre, et le trait vertical, c'est la baguette.
Moi ce design, sobre mais efficace, m'amuse beaucoup, car pour un amateur des légendes germaniques, ce logo pourrait tout aussi bien représenter... le trésor d'Alberich.
Dans la tradition continentale, Alberich est le propriétaire originel du trésor que Siegfried récupère, même si dans le Seyfrid à la Peau de Corne on le nomme Eugleyne. La tradition scandinave (où il se nomme Andvari) élabore même sur comment son or se retrouve sous la coupe de Fafnir, mais c'est la tradition continentale qui m'intéresse pour ce court billet. En effet, aussi bien le Nibelungenlied que le Seyfrid à la Peau de Corne nous donnent trois objets qui se distinguent du reste du trésor.
L'anneau d'or, que la tradition scandinave inclue aussi avec une malédiction en prime. Dans les sources continentales, l'anneau fout le boxon sans avoir besoin de magie à l’œuvre, puisqu'il passe de main en main et sert de preuve dans les accusations de Kriemhilde contre Brunhilde qui provoqueront des conséquences en cascade ainsi que des révélations au dénouement tragique.
Les deux autres objets sont propres à la tradition continentale : une cape follette, c'est à dire d'invisibilité, et une baguette magique en or.
La cape sera très utile à l'intrigue, soit pour permettre à Siegfried d'assister Gunther dans le Nibelungenlied (que ce soit pour remporter les épreuves imposées par Brunhilde, ou plus tard pour la "mater" durant la nuit de noces) ou dans l'épisode de la libération de Kriemhilde du dragon dans le Seyfrid à la Peau de Corne. Dans le Nibelungenlied, lorsque les Burgondes viennent récupérer le trésor pour le rapatrier à Worms, Alberich se lamente de la mort de Siegfried... parce que le héros a emporté avec lui la cape magique, qu'il aurait bien aimé retrouver.
Ah j'avais dit que le dénouement était tragique. Alberich a perdu sa cape follette !
La baguette, en revanche, ne joue aucun rôle dans l'intrigue. Elle n'est que mentionnée en passant, dans les deux sources, en précisant toutefois qu'elle est pourtant l'objet qu'on devrait désirer le plus de tout le trésor car elle permettrait à son détenteur d'être maître de tous les hommes sur terre. Rien que ça. Les poètes soulignent ainsi, sans doute, la sottise des protagonistes qui ne voient que l'or, en grande quantité, et ignorent la véritable valeur d'un "simple" objet, pourtant bien plus puissant. Leur avidité les rend aveugles à ce qu'ils ont vraiment entre les mains.
Alors bon, une cape d'invisibilité, une baguette magique et un anneau... excusez-moi, hein, mais moi le symbole des soi-disant reliques de la Mort, je sais désormais ce qu'il représente vraiment.
Et vous aussi.