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mardi 2 décembre 2025

Beowulf du vélin à la toile - Adapter & trahir pt. 4


 Tout comme les Nibelungen, le poème Beowulf aura eu droit à plusieurs adaptations, plus ou moins directes, plus ou moins réussies. Enfin, surtout moins, car comme cette rétrospective le démontrera, le héros des Gauts n'a pas eu autant de chance que Siegfried lorsqu'il s'agit de voir ses exploits mis en images sur nos écrans. 

Outre le manque chronique de fidélité à la source, ces adaptations souffrent d'un syndrome de cannibalisme, se repompant les unes les autres en ne conservant souvent que les inventions récentes, syphonant le récit de son squelette et de son âme pour imposer des thèmes récurrents propres à ces versions modernes, à tel point que c'est la compréhension même de la légende qui s'en trouve lourdement altérée, tronquée, estropiée.

 

 Vous trouvez que j'exagère ? Laissez-vous porter par ma série d'articles, et si possible dans l'ordre de sorties des films, et vous verrez comment la légende de Beowulf s'est petit à petit transformée en... autre chose. 

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2007

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2016

Beowulf de loin mais loin d'être Beowulf


Voilà, on en a enfin terminé avec les adaptions de Beowulf pour cette rétrospective assez décevante, finalement. Quelques bons films, mais aucune bonne adaptation. Il ne me reste plus qu'à aborder vite fait deux autres productions pour être vraiment complet, mais qui ont si peu à voir avec Beowulf que je les regroupe ici en bonus, à savoir Beowulf, return to the Shieldlands, une série de la chaîne ITV, et Outlander (le film de SF, pas la série historico-fantastique avec la musique aux petits oignons de Bear McCreary)

La raison pour laquelle je mets ces deux projets à l'écart est assez simple : ils n'ont quasiment rien à voir avec la source, et je veux dire encore moins que le Beowulf avec Christophe Lambert, dans lequel on discernait encore le squelette de l'intrigue originale. Quelques noms sont mentionnés mais je ne parviens pas, même avec la meilleure volonté du monde, à déceler assez d'éléments pour en faire un article, comme je l'ai fait pour les deux nanars de cette rétrospective. 

Commençons par Outlander, car  c'est de loin le plus intéressant, ou du moins le plus divertissant des deux.

Alors, soyons clairs d'emblée, le réalisateur et co-scénariste Howard McCain déclare avoir voulu adapter Beowulf , et ce "depuis toujours" sans savoir comment "engager les spectateurs" et les faire croire à cette histoire (ça en dit long su l'amour qu'il porte au poème, mais soit), et le scénariste Dirk Blackman déclare que c'est bien le concept du "Le poème original c'est une histoire vraie à base d'éléments SF". Donc les intentions du film et de ses créateurs étaient bien d'émuler ce qu'avaient fait Crichton et McTiernan avec le Treizième Guerrier.

Cela étant dit. 

On le verra, c'est une adaptation détournée particulièrement éloignée du poème et qui n'hésite pas à tirer son inspiration parmi d'autres source. Je suspecte que le script d'origine était peut-être bien plus proche du poème mais que les réécriture successives ont pu gommé cet aspect jusqu'à le rendre quasiment invisible pour la grande majorité du film. Certains détails de l'intrigue le laissent supposer. Malheureusement, les ressemblances sont en fin de compte si légères qu'elles deviennent anecdotiques et que les deux compères échouent dans leur démarche.

Le pitch est le suivant : un extra-terrestre, Kainan (Jim Kaviezel), s'écrase sur Terre avec son vaisseau prison, libérant un monstre carnassier (un Moorwen) qui va décimer les locaux. Il se trouve que les locaux en questions sont des scandinaves du VIIIe siècle, dans le dernier siècle de l'âge de Vendel, donc pas des vikings contrairement à ce qu'ils disent dans le film et que le marketing placarde partout.

C'est marrant ça, la date de 709 donnée dès la séquence d'introduction respecte la période du poème, mais le reste du film décide de s'en tamponner le coquillard. 

Par un hasard de dingue, notre héros, bien qu'extra-terrestre, ressemble en tout points à un être humain (la Terre étant présentée comme une colonie abandonnée, on peut supposer que les Humains descendent de cette race d'alien), et sa technologie lui permet d'apprendre instantanément le vieux norrois façon Néo et son Kung-Fu, neutralisant tout enjeu autour de la communication entre lui et les vikings pour aller direct au sujet (démontrant ainsi, s'il le fallait encore, la supériorité du Treizième Guerrier). 

Après les péripéties d'usage (il se fait capturer, on ne lui fait pas confiance, il prouve sa valeur, on lui fait confiance), les vikings et lui tentent de piéger le monstre et échouent. Ils traquent la bête jusqu'à son repaire dans une grotte en montagne avec une chute d'eau, et le trio final parvient à se débarrasser du Moorwen qui, on l'a découvert entre-temps, est en fait... la victime ! Et oui, retournement de situation incroyable, Kainan, qu'on pensait être un extra-terrestre sympa dont la famille avait été massacrée par la créature grâce à un flashback tragique, était en fait un homme (ou un alien quoi) rongé de remord car son espèce à littéralement génocidé la race des Moorwen pour faire de la place et si sa propre famille est morte, c'est parce que les aliens moches ont essayé de résister à leur propre extermination.

M. Moorwen juste avant de se faire atomiser.

Bref, le monstre est la victime incomprise, le héros est gris foncé, on est au moins dans la lignée des dernières adaptations de Beowulf, même si là ça me gêne pas, car si vous avez été attentif, il n'y a aucune trahison, puisque cette histoire n'a presque rien à voir avec le héros du Gautland : 

Déjà, Kainan... c'est lui qui amène le monstre (!!), et il est le bourreau de la créature, c'est lui la cause du problème en somme. Il n'y a qu'un seul monstre, qu'ils assimilent eux-même à un dragon (j'exclue le petit Moorwen car sa présence est anecdotique, cependant, si on veut vraiiiment se montrer généreux, il y a une Mère et son fils dans la famille monstre, mais la Mère endosse les deux rôles), même si on pourrait vite fait y voir un amalgame des trois monstres du poèmes (Grendel pour le côté attaques nocturnes, Maman Grendel pour le repaire lié à l'eau et la maternité, tout bêtement, et le dragon avec ses tentacules rougeoyants vaguement semblables au jet de flammes et qui le font ressembler aux créatures dans l'art viking, notamment dans le style Urnes). 

Un exemple du style Urnes
 

C'est moins évident avec des captures d'écran, alors voici le Moorwen en mouvement avec sa queue tentaculaire :

 


Enfin, pour en revenir au protagoniste, on suit l'archétype de l'étranger venu sauver le royaume (façon Christophe Lambert, et pas façon poème donc), un étranger, surhumain, qui vient seul (toujours comme Lambert), les péripéties ne correspondent à rien dans le poème ou presque.  

Néanmoins, parmi les éléments qui laissent supposer que la script initial devait être plus proche du poème, outre les noms de Hrothgar et Unferth, on note celui des Moorwen (moor, en anglais, c'est la lande, les tourbières, c'est à dire le lieu où vivent Grendel et sa Mère dans le poème). Dans une scène coupée ou répète bien clairement que le frère de Hrothgar, dont celui-ci a pris la place à sa mort et dont Wulfric est le fils, s'appelait Halga (il est possible que ce soit dit une fois dans le film à la volée), comme dans le poème, faisant de Wulfric l'équivalent de Hrodhulf, aka Hrolf Kraki.

Il y a également plusieurs éléments concentrés dans le final du métrage : la nage sous l'eau pour gagner le repaire de la créature, ici en passant par un puits, mais aussi la mise à mort du Moorwen, suspendu à une falaise au-dessus du vide (jusque là rien de très Beowulf), mais à qui on tranche le bras comme à Grendel pour le précipiter vers la mort... Puis comment Wulfric, devenu roi, agonise de la morsure (!) infligée par le Moorwen et s'assure que la créature est morte avant de transmettre le pouvoir à Kainan, comme Beowulf le fait avec Wiglaf dans le poème après a défaite du dragon. 

Mais alors, c'est censé être qui Beowulf dans cette histoire ? Kainan ou Wulfric ? Wulfric c'est pas le neveu de Hrothgar ? Est-ce que Faux Beowulf était en fait le personnage secondaire comme dans le Treizième Guerrier, et Kainan en fait c'est Ahmad Ibn Fadlân ?


 (Non.)

D'ailleurs, la chute d'eau m'évoque vaguement le Treizième Guerrier, les montagnes ça n'est pas la Fantaisinavie habituelle, cette fois, car le film a au moins le bon goût de se déplacer l'action en Norvège, pas au Plat Pays des Danois, donc ça passe (mais ça l'éloigne encore plus du poème). 

Bon, et enfin, alors que les siens sont venus le chercher, notre héros casse sa balise de secours car il décide de rester. Tout l'inverse de Beowulf, donc.

On l'a donc vu, à part les nom du roi Hrothgar et de Unferth qui passe par là  (même pas leur personnage, juste leur nom), ce film n'adapte pas vraiment Beowulf. C'est juste un alien qui amène un autre alien sur Terre et aide les Terriers à s'en débarrasser. Comme je le faisais remarquer, on pourrait estimer que sa manière de rougeoyer ardemment en attaquant trace un parallèle entre le Moorwen et le dragon, et c'est vrai. D'ailleurs, les vikings eux-même appellent la créature un dragon tout du long.

Toutefois, il y a d'autres héros légendaires que Beowulf à affronter des dragons, comme Sigurd le Völsung, par exemple. D'ailleurs, vous savez à quoi ressemble la halle des Völsungs dans la saga éponyme ? Une grande halle au toit ouvert pour laisser passer un énorme chêne (voire un pommier) nommé Barnstokk. Et vous ne devinerez jamais à quoi ressemble la halle du roi Hrothgar dans ce film... suspense insoutenable :



 Oh bah ça alors ! 

En plus d'offrir au spectateur un village fortifié évoquant sans copier, tel un brouillon, les futures forteresses rondes type Trelleborg, construites des siècles plus tard par le roi danois Harald à la Dent Bleue, on a droit à, clairement, un hommage à la halle des Völsungs. Le clin d’œil me fait très, très plaisir car c'est un détail négligé par les adaptations des Nibelungen

En parlant de la Völsunga Saga, Kainan se faisant forger une épée plus solide que n'importe quelle autre arme à sa disposition pour aller tuer le monstre (à base d'un fragment de métal de son vaisseau écrasé) évoque clairement plus Sigurd que Beowulf. Il y a même un chef de clan qui s'appelle Gunnar, même si c'est un nom finalement très courant. Et pour les amateurs de Fantasy plus récente, il y a Boromir (si, si, c'est même le comic relief, Tolkien doit être fier), prouvant qu'on est dans l’œuf de Pâques et le brassage de références connues, rien de plus, comme cette séquence de jeu d'adresse (ici sur les boucliers), un trope des festins commun dans les sagas, par ailleurs absent de Beowulf.

Je trouve très intéressant que l'opposition christianisme / paganisme soit non seulement de retour, mais agrémenté d'une troisième option : Kainan, qui ne crois évidemment ni aux dieux, ni au Destin, mais en sa seule capacité à décider de ses actions. C'est un point de vue moderne mais qu'on retrouve parfois dans les sagas, donc ça n'est pas hors de propos et ça change un peu du trope mis en place par Beowulf & Grendel, dont Outlander reprend même l'idée du moine se confrontant à la créature armé uniquement de sa foi... sauf qu'ici ça se termine pas aussi bien pour le clerc, hihi

Trop long, pas lu : Outlander ne cherche même pas à adapter Beowulf, même si ce fut l'ambition initiale, en fait, il y fait juste référence et pioche ce qui lui plaît, au même titre que d'autres sagas connues et appréciées, pour flatter les amateurs d'histoires de barbus bourrins. Et c'est très bien comme ça, ainsi pas de trahison du poème. Comme pot pourri et best-of de sagas, c'est assez réussi.

Faut-il voir le film ? Si vous voulez une bonne adaptation détournée de Beowulf, regardez plutôt le Treizième Guerrier, car sur cet aspect pourtant revendiqué, Outlander échoue. En revanche, si vous souhaitez regarder un petit film d'aventure SF sympa avec des """vikings""" et un alien qui traquent un monstre pendant que vous mangez du pop-corn, oui ! Ce n'est peut-être pas de la SF intellectuelle mais c'est fun, et en plus il y a John Hurt et Ron Perlman ! 

Oui, j'avais gardé le meilleur pour la fin.

Enfin, pas exactement, car... passons à

*roulement de tonnerre* 

Beowulf, return to the Shieldlands 

Cette série n'a pas la même excuse.

Cette fois, il y a carrément "Beowulf" dans le titre, on est donc en droit d'attendre un peu plus qu'Outlander et ses petits coups de coude discrets dans les côtes. Est-ce que la série a plus de rapport avec le poème que les extraterrestres chez les vikings ?

Et non !

Déjà, il y a un petit test très simple qui permet de se faire une idée assez rapidement : ouvrez la page IMDB du film ou de la série que vous souhaitez mettre à l'épreuve et regardez la liste des acteurs, et donc des personnages. Relevez les noms qui proviennent de la source, voire estimez le ratio noms originaux / noms inventés pour l'occasion. Ce n'est pas une garantie, bien sûr, par exemple le Roland sorti d'un chapeau dans le Beowulf avec Christophe Lambert correspond à peu près au Hunferth du poème, quant au Beowulf de Zemeckis, il a un bon ratio mais ne respecte pas les personnages en question. Ainsi ça ne suffit pas à juger l’œuvre, mais ça donne une idée de ce en quoi on s'embarque. Par exemple, pour cette série, on obtient :

Noms tirés du poème : Hrothgar, Herot (une autre orthographie pour Heorot, ça compte), Beowulf, bien sûr, Breca (Brecca et Breca se valent), Grendel, Wulfing et... c'est tout. Alors c'est mieux que le Beowulf de Lambert, mais c'est là une barre bien basse. Il y a cependant une différence, et de taille : le ratio.

Return to the Shieldlands liste 6 noms propres tirés de Beowulf sur 59 noms propres listés, soit à peine plus de 10%. Et parmi les 90% d'inventions on trouve des noms tout à fait dans le ton comme Slean, Axel, Aaron, Shay, Malek, Roth, Treece, Greff, Jogan... en somme, on est vraiment transporté à l'Âge de Vendel. (Par souci d'honnêteté intellectuelle et pour les curieux, le ratio pour le nanar de 99 c'est 3 noms propres tirés du poème sur 9 noms propres au total, soit un tiers.) Encore une fois, ça ne veut rien dire en soit, alors voyons le pitch :

Beowulf, accompagné de son comic-relief Breca, revient à Herot pour rendre un dernier hommage au roi Hrothgar qui vient de décéder. Il n'y est pas le bienvenue, détesté par le prince Slean. En effet, Beowulf a été recueilli enfant par Hrothgar, après la mort de son père, et le roi le préférait à son propre fils (mais en fait, c'est parce que Beowulf était son vrai fils, aha ! Celle-là vous ne l'aviez pas vu venir !). S'en suit une guerre larvée de succession au titre de "jarl", le chef de toutes les tribus, à base de machinations politicoproutprout et de trahisons, tandis qu'en toile de fond gronde un retour des monstres qui vivaient sur ces terres autrefois, et que les hommes ont quasiment exterminé mais qui grouillent encore aux franges du monde civilisé.

En étant d'une extrême générosité, je dirais que la série extrapole sur la tension politique du poème quand Hrothgar offre son trône à Beowulf afin que ça ne tourne pas au vinaigre avec son neveu, qui risquerait de se débarrasser des trop jeunes princes. Mais soyons honnêtes, ce n'est pas vers le poème que cette série s'est tournée pour l'inspiration, mais vers ce qui était hyper populaire à l'époque de sa sortie : Games of Thrones et Vikings (d'ailleurs on trouve David Bradley, qui joue Walder Frey dans GoT, et Jefferson Hall, qui joue Torstein dans Vikings). Vous ne me croyez pas ? Matez le générique et dites-moi si ça ne vous rappelle rien :


L'écriture des intrigues, les costumes, tout est fait pour capitaliser sur ces succès, mais sans le budget. C'est simple, Return to the Shieldlands fait passer les scènes de bataille de la première saison de Vikings pour la bataille du Gouffre de Helm. Ah d'ailleurs, l'architecture en ruine des "géants" qui vivaient autrefois sur ces terres et ont été massacrés est très, trèèès inspirée du Seigneur des Anneaux / Hobbit, quelle coïncidence ! Enfin, tout ça, sans tunes quoi.

Trèèèèès inspiré.

Il est intéressant de noter que faire des monstres les descendants d'une race antique éliminée, chassés par les hommes et repoussés dans les bordures du monde, c'est exactement le point de vue de la Mère de Grendel dans le Beowulf de Zemeckis. Oh, je vous avais dit qu'il y avait toute une intrigue autour des monstres qui sont les victimes après tout et qui sont les vrais monstres quand on y regarde de plus près et... oui, c'est la même chose depuis Beowulf & Grendel. Sauf que là, je m'en fous, puisque ce n'est pas Beowulf !

Ces costumes... Rien à ajouter...
Mis à part quelques noms disséminés ici ou là, RIEN ne ressemble au poème, mais étrangement, on trouve plein de parallèles et d'inspirations... dans les adaptations précédentes. Ainsi la boucle est bouclée : on regarde une œuvre strictement basée sur les mauvaises interprétations et, de fait, l'image incorrecte du récit qui s’est développé dans l'inconscient populaire, pas du tout sur l’œuvre dont elle se pare du nom sans aucune gêne. C'est du téléphone Alaman ! Chaque version modifie encore plus l'histoire jusqu'à ce qu'il n'en reste qu'un saupoudrage léger sur... autre chose. À force de regarder des films raconter l'histoire de travers sans lire le texte à côté, on obtient un truc qui ne ressemble plus à rien, dans un univers de Fantasy générique au possible (adieu Danemark, Gautland et Frise, bonjour Shiedlands, Farlands, et pourquoi pas Disneylands), avec des nations à code couleur de jeux vidéos qui n'ont aucun sens, des costumes à peine meilleurs que Hercules et Xéna, pas assez de figurants pour ses ambitions, des monstres vus et revus (faces de félins et cornes, changeurs de formes, il y a même des vers des sables qu'on attire en tapant sur le sable. J'aimerai plaisanter...)

Y a une scène où les gentils nous font une 300 commandée sur Ali Express, sur un pont, capes rouges et tout, et le méchant dit "Tu as quoi, une douzaine d'hommes, quant à moi, je mène..." Et mon cynisme esprit a immédiatement fini sa phrase : "la même douzaine d'homme qui se sont vite fait changés pour le contrechamps", mais non, en fait il répond "une armée." 

 

Le méchant et son, euh, armée.

Bref, cette adaptation s'inspire... des adaptions. Et mal, en plus. Le poète anonyme, quant à lui, se retourne dans sa tombe et pleure.

Faut-il voir la série ? Non. Déjà, parce que dans le même genre il y a bien mieux ailleurs, et en plus ça ne se finit pas car la saison 2 n'a jamais vu le jour. Absolument rien n'est résolu, et c'était nul. Épargnez-vous ça !

Le point bande-originale

La BO d'Outlander est vraiment cool. Elle est composée par Geoff Zanelli, un second couteau de la bande à Hans Zimmer qui a fait beaucoup de "composition additionnelle" notamment sur les Pirates des Caraïbes 1 à 4 avant de devenir le compositeur principal du cinquième opus (et je préfère sa musique pour ce film à celle de Hans pour le quatre, voilà, c'est dit). Outlander est l'un de ses premiers projets en compositeur principal et on sent qu'il n'est pas encore à son maximum, pourtant il livre un score plus qu'honnête, avec un thème épique pour Kainan et les vikings (qui rappelle fortement le Roi Lion *tousse*), et un autre, mélancolique, pour les flashbacks et les regrets. Une suite pour donner une idée :


La BO de Beowulf, return to the Shieldlands par Rob Lane est fort sympatoche, le thème principal reste bien tête et plusieurs séquences aussi. Après, c'est de la composition pour télévision des années 2010, on sent les inspirations déjà nommées, avec techniques vocales ethniques et nordiques (ils ont réussi à se payer Eivør Pálsdóttir, ça ajoute de suite un grosse plus-value... ah tiens, comme l'avais The Last Kingdom !), instrumentations très Vikings, Einar Selvik en moins, et puis le combo chœurs / percussions de la Fantasy de ce temps-là. En vrai, ça m'a rappelé certaines BO de séries BBC comme Robin des Bois, etc., un thème efficace et pas mal de remplissage, non dénué de pistes plaisantes mais sans aucune ambitions de prendre place au panthéon des compositions de légende... le tout mélangé aux BO types Vikings et Last Kingdom qui ont beaucoup plus de richesse et de texture dans leurs instrumentations (on ne remerciera jamais assez Einar pour ça). Un bâtard entre deux époques, et pourtant, j'avoue que l'aime suffisamment pour avoir mis la main sur le CD. J'ai déjà mis le générique / thème principal donc voici d'autres exemples :