mardi 3 novembre 2020

Meister Hildebrand

Dans le Projet Vineta, le précepteur du héros Dietrich est loin d'être un illustre inconnu : il s'agit de Meister Hildebrand, le maître d'armes, à qui il échût souvent le rôle d'aiguillonner la fierté du héros pour le motiver à combattre (par des mots, ou par des patates dans la tronche, selon les besoins). Néanmoins, avant d'être le plus fidèle soldat de Dietrich, Hildebrand fut, en son temps, le héros de son propre poème : le Hildebrandslied, un des plus vieux poèmes écrit en langue allemande qu'il nous reste...

Et encore, il n'en reste qu'un court fragment, dont le texte est un mélange inexplicable de différents dialectes de vieil allemand, d'une ligne à l'autre, et au sujet duquel les linguistes débattent encore aujourd'hui. On y voit Hildebrand champion d'une armée rencontrant le champion adverse, qui s'avère être le fils qu'il a laissé derrière lui, 30 ans plus tôt (car il a suivi Dietrich dans son exil). Le fils, Hadubrand, refuse de faire la paix car il croit à une ruse, un mensonge du vieil homme pour abaisser sa garde. Malgré les efforts du maître d'armes, le combat s'engage, les boucliers éclatent, Hadubrand est dominé, et... là s'arrête le fragment.

Le père tue-t-il le fils ? Plusieurs indices dans différentes sources semblent l'indiquer, du moins dans la version archaïque. Lorsque la poésie germanique passera d'héroïque à courtoise, le motif du filicide sera remplacé par celui de la réconciliation, comme dans le Jüngeres Hildebrandslied, où le jeune homme, ici nommé Alebrand (cf. Alibrand dans la Þidrekssaga), reconnaît son erreur une fois vaincu, père et fils s'embrassent et la mère reconnaît son mari. Les temps évoluent, les mœurs et les attentes du public aussi, l'histoire s'est adaptée.

Des siècles plus tard, certains débattent toujours de cette fin dont le fragment frustrant nous prive, et c'est tant mieux ! On continue d'analyser ce petit morceau de poème, on le garde en mémoire. Certains ont tenté des mises en musiques, tantôt en imaginant comment on l'aurait chanté à l'époque, d'autres en adoptant une approche résolument moderne. C'est ce que je vais utiliser comme illustration ici, pour rester dans le thème de la modernisation et de l'adaptation !


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