jeudi 24 avril 2025

Le téléfilm aux mille titres : Curse of the Ring (2004)

En 2004, pile quatre-vingt ans après Fritz Lang et presque cinquante ans après le diptyque de Harald Reinl, les Nibelungen revenaient sur nos écrans, sauf que cette fois, ces écrans n'étaient pas grands, mais dans nos salons. C'est donc un téléfilm en deux parties qui sort au début du nouveau millénaire, et je ne parlerais pas de diptyque cette-fois, car ce sont pas deux films qui forment un ensemble, mais bien deux parties d'un même film. Le titre de ce projet : Curse of the Ring ! Ah, non, pardon, Ring of the Nibelungs... ou bien c'est Sword of Xanten. Quoi ? Ah non c'est Kingdom in Twilight... ah bah en fait, c'est Dark Kingdom : The Dragon King. Bref, ils ont eu du mal à se décider, d'ailleurs en interview, l'acteur qui joue Siegfried lâche discrètement un petit "peu importe comment on finira par appeler ce film" qui m'a bien fait sourire. Bon, je vais choisir Curse of the Ring, arbitrairement, parce que c'est ce qui est écrit sur la jaquette de mon DVD. En français, apparemment ce serait L'anneau sacré (?).

Giselher, Gunther, Siegfried, Hagen (oui, oui, beau, avec ses deux yeux et "défiguré" par la petite cicatrice rouge, là), en route pour courtiser Brunhilde en Islande.

Les puristes s'étonneront certainement et me demanderont si je n'oublie pas un film entre le remake de Harald Reinl et ce téléfilm, et il se peut qu'en 1971 soit sorti Siegfried und das Sagenhafte Liebesleben der Nibelungen, oui. AKA The Erotic Adventures of Siegfried, aka The Long Swift Sword of Siegfried, aka The Lustful Barbarian, aka Voluptés nordiques... bon vous l'avez compris : c'est du (très soft) porno. Plus fidèle aux sources qu'on ne pourrait le croire, d'ailleurs, on verra pire dans ce dossier (en termes d'adaptation s'entend), néanmoins, et même si le bluray existe (mais si), je compte bien passer mon tour côté critique, pour l’instant (il n'y a vraiment pas grand chose à dire, mais qui sait, un jour d'ennui ?) afin de reporter mon attention sur une production qui a une meilleure note sur IMDB : Curse of the Ring.

Le dragon dans la pièce : le budget

Qui dit téléfilm dit forcément budget serré. On n'est pas sur un projet qui peut se vanter d'être "le plus gros budget pour un film allemand jusqu'ici". Disons le tout de suite, ça se sent dans les costumes, les décors, la mise en scène... c'est très film d'aventure / Fantasy des années 90 (alors qu'on est en 2004), mais c'est jamais honteux comme un film SyFy. Juste, c'est dans un jus assez particulier, notamment les costumes aléatoires, quelque part entre Hercule et Xéna et le XIIIe Guerrier. Niveau FX, il y a à boire et à manger, certaines incrustations, notamment de nuit, font cheap, on sent que l'argent est ailleurs, notamment dans le dragon qui, franchement, tient bien la route pour une créature entièrement en image de synthèse. La mise en scène joue de la luminosité pour aider à faire passer certains plans datés, mais d'une manière générale c'est vraiment pas mal. Contrairement aux adaptations de 1966 et de 2024, cette fois pas de budget Islande pour flatter sans effort la rétine du spectateur, à la place on a droit à un Isenstein tout en 3D recouvert d'un épais blizzard qui cache la misère (dont ils sont très fiers, d'après le making-of). Heureusement, il y a suffisamment de scènes en extérieur le long du film pour ne pas donner un aspect purement studio et fauché. Là on droit à des forêts lambda et rivières et... forêts lambda... et plaines... bon c'est fauché, c'est fauché, hein, que voulez-vous que je vous dise, on ne va pas attendre de miracles ! 

A titre de comparaison, voilà à quoi vous attendre du côté du dragon, puisque c'est un peu le clou du spectacle dans presque toutes les adaptations.


J'avoue apprécier les espèces d'ailerons sur le dos, compromis intéressant entre les versions avec ailes et sans ailes.

Après, il y a deux écoles : ceux qui préféreront toujours les arbres démesurés et stylisés de Fritz Lang, car l'esthétique prime, et ceux qui préféreront n'importe quel bois de campagne au carton pâte, parce qu'au moins, ça fait vrai, c'est réaliste et tangible, comme Harald Reinl. C'est une question de goût et de sensibilités. Le téléfilm choisit Reinl, mais avec un budget limité, ou peut-être à cause de lui ? Je ne pense pas. Les interviews de l'équipe montrent clairement des ambitions visuelles qui misaient tout sur les effets numériques pour moderniser les Nibelungen. Vraiment, pour le meilleur comme le pire, il y avait une volonté d'en mettre plein les yeux, pas juste de torcher un truc à la va-vite. Vu le résultat, c'est... louable.

D'ailleurs, ça se sent dans le casting. Le téléfilm bénéficie d'un cast solide, notamment plusieurs habitués des rôles secondaires du cinéma allemand et plus généralement européen. Max von Sydow, Julian Sands, Göttz Otto, Ralf Möller (qui a dû récupérer un costume de sa série télé Conan...), mais aussi des débutants comme Robert Pattinson (et oui), Benno Fürmann, Kristanna Loken (qui sortait de son rôle de T-X dans Terminator 3), du coup plein de gueules cinématographiques familières qui donnent un cachet inattendu pour une production de ce type.

Il me faut dire d'emblée que j'ai déjà évoqué ce téléfilm sur mon blog, dans cet article sur les incohérences dans les sources. J'avais alors qualifié le téléfilm de "pas top, mais pas si infidèle que ça si on prend toutes les traditions en compte, mais par contre vachement fauché". Pour l'avoir revu dans le cadre de cette série d'analyse, après mon visionnage de Hagen - Im Tal der Nibelungen, il me faut admettre que j'ai peut-être été un peu dur avec lui. Malgré tout un tas de qualité, certains faux-pas viennent gâcher le tableau, notamment, et c'est quand même bien con : la fin. Je crois que c'était elle qui avait rabaissé mon opinion de l'ensemble à l'époque de mon premier visionnage, mais nous y reviendrons, sur cette conclusion. 

Cela dit, une des qualités qu'on ne réalise qu'a posteriori, c'est cet aspect Fantasy 90s début des années 2000, c'est coloré ! C'est éclairé ! Tout n'est pas désaturé avec un filtre bleu ou gris pour faire "médiéval". Et ça, mine de rien, c'est appréciable. Oui, y a trop de cuir dans les costumes, mais il y a aussi des étoffes rouges, vertes, de l'or... C'est pas encore dépression.jpg, et rien que pour ça, bon point dès le départ pour ma part.

Maintenant qu'on s'est moqué un peu, je pense ne plus avoir besoin de mentionner l'aspect cheap, à la fois évident et encombrant, et peux enfin me concentrer sur le fond. Vous le savez, ce qui m'intéresse dans ces analyses, c'est le rapport aux sources, les libertés créatives et la fidélité de l’adaptation, que ce soit à la lettre ou à l'esprit. Alors, en tant qu'adaptation, que vaut Curse of the Ring ? Et bah le film s'en sort vraiment pas mal du tout !

Les personnages

Le personnage de Siegfried est introduit la nuit où des ennemis prennent Xanten par la force et assassinent son père. Sa mère parvient à l'exfiltrer de la cité en feu jusqu'au fleuve mais périt dans l'action, laissant un jeune Siegfried dériver jusqu'à ce qu'il soit trouvé par un forgeron qui l'élèvera comme son propre fils. Alors je sais, ça fait très Moïse, et un peu n'importe quoi, mais... c'est un mélange de la tradition scandinave, où Sigmund meure au combat et son épouse Hjördis fuit avec le jeune Sigurd sous le bras, et la Thidrekssaga, où c'est Sigmund qui, manipulé et mal conseillé, fait traquer son épouse Sisibe qui parvient à sauver son fils nouveau-né à la rivière, enfant qui sera retrouvé par le forgeron Mime qui l'adopte (Sigurd a d'abord élevé un an par une biche). Bref, on a deux sources amalgamées et non seulement c'est très malin, mais ça met en scène des choses que les autres adaptations passent complètement à la trappe ! Franchement démarrer de cette façon, moi j'étais :

Alors ça aurait été hyper satisfaisant de voir le film adapter les sources scandinaves, pour changer un peu, mais inutile d'espérer, après l'intro, l'intrigue revient assez vite sur les rails du Nibelungenlied. D'ailleurs, c'est assez parlant que les personnages portant des noms tirés des sources sont nommé d'après la tradition continentale (Siegfried, pas Sigurd, Kriemhilde, pas Gudrun, Gunther, pas Gunnar, Hagen, pas Högni, etc.) malgré les emprunts plus marqués à la tradition scandinave que ses prédécesseurs. Je le précise ici car c'est important pour comprendre mon ébahissement face au final : malgré tout, on est bien sur une adaptation du Nibelungenlied, complété par d'autres sources, exactement comme les sources précédentes.

Bon, après, y a pas mal de modifications et même d'inventions dès le départ. Les ennemis qui tuent Sigmund (les Hundings dans les sources) sont fusionnés avec les deux rois saxons qu'affrontent Siegfried et Gunther, ce qui économise des personnages - l'intrigue est plus compacte - et donne un enjeu plus personnel à la bataille. Très bien. Par contre ils ne s'appellent plus Liudeger et Liudagast, mais Thorkwin et Thorkilt... donc on garde deux frères, Saxons, aux noms semblables l'un à l'autre, qui servent la même fonction... pourquoi ne pas garder les noms des sources et partir sur des blazes de PNJ de Donjons et Dragons ? Le film ajoute également une amnésie au traumatisme de la fuite du héros, ce qui fait que jusqu'à la moitié du film, Siegfried est... Eric, fils d'Eyvind, le forgeron. Une invention qui ne change rien à l'intrigue au final, donc d'un côté osef, ça ne gêne pas, de l'autre... pourquoi s'embêter, dans ce cas ?

Autre invention un peu curieuse : la rencontre en Siegfried et Brunhilde. Une nuit une comète traverse le ciel et va s'écraser en forêt : malgré les avertissements d'Eyvind, le héros se précipite vers le lieu du cratère, poussé la par la curiosité. Sauf qu'au même moment, la reine d'Islande Brunhilde qui passait par là fait pareil et ils se retrouvent au cratère enflammé... vous l'avez ? Le cercle de flamme, Brunhilde... pas de magie, donc, mais un météore. Les deux échangent quelques mots, se battent en mode préliminaires, et le héros perd son pucelage. Chacun prendra un morceau de métal trouvé au fond du cratère, elle en fera le fer de sa lance, et lui son épée Balmung. Donc dans ce film on un dragon, un peuple de brumes, un nain, des malédictions... mais les armes de Siegfried et Brunhilde sont en métal de météorite et le cercle de flamme est le cratère de la météorite en question. C'est tout de même curieux comme mélange des genres, réaliste / merveilleux. Je suppose que puisque Eyvind déclare qu'il s'agit d'un signe divin, il parle même de Ragnarok (bien évidemment....), mais que le public sait de quoi il retourne, c'est peut-être une manière de rappeler que même si les personnages croient en Odin et Thor, ou en Jésus, la vérité est ailleurs ? Mais j'avoue que là je suis sans doute un peu trop généreux avec le script. 

Kriemhilde (Alicia Witt), Siegfried (Benno Fürmann) et Brunhilde (Kristanna Loken)

Mais cette rencontre est plus intéressante qu'il n'y paraît d'un point de vue adaptation. Dans les sources décrivant la première rencontre entre Siegfried et Brunhilde, c'est lui qui voyage en Islande, reste avec elle pendant un an, puis... repart en promettant de revenir, avec une motivation plus ou moins claire qui rend la séparation un peu artificielle. Alors qu'ici, puisque c'est elle qui voyage dans le coin de Siegfried, il faut bien qu'elle retourne en son pays, la reine d'Islande, laissant l'apprenti forgeron derrière elle, mais avec une promesse qu'il la rejoindra. Et franchement... ça fonctionne super bien ! On a tous les éléments (première rencontre, amour sincère, séparation avec promesse de retrouvailles) mais l'enchaînement ne souffre pas de motivations douteuses : on comprend complètement et sans se poser de questions, et c'est très bien. N'est-ce pas, Hagen - Im Tal der Nibelungen. Je vais m'occuper de toi plus tard.

Siegfried utilise le morceau de métal trouvé dans la cratère pour forger son épée et la nomme Balmung, sans trop savoir pourquoi. En réalité, il l'apprendra plus tard, c'était le nom de la lame de son père, qui se brisa au combat pendant l'introduction avec l'enfant Siegfried. On retrouve le motif de l'épée de Sigmund rompue dans les sources scandinaves (ici contre un bouclier, pas la lance d'Odin), mais plutôt que de littéralement reforger l'épée qui fut brisée, le téléfilm opte pour une métaphore : Siegfried ne reforge pas Balmung à partir des fragments de l'originale, mais plutôt une Balmung 2.0. Une fois de plus on a l'impression d'une version "terre à terre" (pas d'intervention d'Odin, pas d'épée originale offerte par le dieu borgne, juste... deux épées), mais dans ce cas précis je me demande s'ils n'étaient pas frileux à l'idée de "copier" le Seigneur des Anneaux dont la trilogie venaient de s'achever (alors que c'est Tolkien qui a pompé). Cela dit, ça ne les a pas gêné de, euh... s'inspirer... du style graphique de la trilogie de Peter Jackson pour leurs affiches (à leur corps défendant, ils sont loin d'être les seuls).

"C'était la mode à l'époque!"

Sinon, le téléfim affuble Brunhilde d'une oracle qui lit l'avenir dans les runes, exactement comme la version de 1966, sauf que cette fois on a encore une autre interprétation des  "bâtonnets colorés" qui sont ici plus des éclats d'os ou d'ivoire polis, sur lesquels sont inscrits de véritables phrases en runes. C'est tout aussi bullshit d'un point de vue historique évidemment, mais ça a le mérite d'avoir l'air beaucoup moins con qu'en 66, hihi. Et puisqu'on parle de runomancie, parlons religion.

L'harmonie entre le marteau et la croix

Interprété par Max von Sydow, Eyvind, le père adoptif, est beaucoup plus sympathique que les différentes versions du mentor forgeron des sources, et puisqu'il n'est ni vraiment Mime, ni Regin, on lui donne un nom inédit, ce qui n'est pas gênant. Il est païen et a enseigné à Sigefried l'ancienne coutume. Comme le Mime du poème, il n'a pas d'enfant propre et s'investit en Siegfried comme si c'était son fils. Cette relation paternelle saine et positive est plutôt bien trouvé, car on fusionne deux versions des enfances de Siegfried : la jeunesse dorée auprès de parents aimant, et celle plus trouble où il finit, d'une manière ou d'une autre, dans une forge. Encore une fois, astucieux ! Et puis cette figure de mentor ouvertement païenne pose clairement le ton du film au sujet de la religion : ici le paganisme est cool. Voir sexy. Si, si.

Max von Sydow: forgeron, mentor, païen, playboy (?) Et Siegfried refait le plan de l'adaptation de Fritz Lang, parce qu'il le faut bien.

En effet, on est loin, très loin des païens sinistres de la version de 1966. Non seulement Eyvind est sympa, noble, juste, badass à l'épée, mais comme Siegfried il se présente ouvertement comme païen, arbore un marteau de Thor en pendentif et tout le monde est OK avec ça. Mieux ! Il séduit une nana à la fête en mode smoothtalk pendant qu'elle tripote son Mjölnir, et lorsqu'il lui demande si elle n'est pas chrétienne elle rétorque "si, mais ce soir, je suis de nouveau païenne". (C'est là qu'on voit que c'est de la Fantasy, dans la vraie vie le marteau ne fait pas exactement tomber les dames). Et cette cohabitation pacifique et naturelle est pour le coup telle qu'on la ressent dans les sources, pas cette confrontation hostiles comme on la retrouve dans les autres adaptations. Mieux encore, le prince Giselher, en se nouant d'amitié avec Siegfried, boit ses histoires les yeux brillants, inspiré par son héroïsme et passionné par ses récits mythologiques. Chrétien, il finit pourtant par voir le monde par le même prisme que son héros, voit l’œuvre de Thor derrière l'orage etc.. et c'est sa compagne qui le "rappelle à l'ordre" par deux fois. Naïf et intègre, Giselher est tenté par un paganisme romantique qui s'apprête pourtant à disparaître, comme un pont harmonieux entre les deux fois. Comparé au film de 66, c'est complètement deux salles, deux ambiances.

Mais continuons de parler de Giselher, car c'est un bon exemple des changements adoptés par cette version. Interprété par Robert Pattinson dans son tout premier rôle, il amalgame les deux frères cadets de Gunther, Gernot et Giselher, qui dans le poème sont laissés hors des manigances contre Siegfried et se montrent très critiques des actions ourdies contre lui, et de manière générale des conseils de Hagen. Ils sont donc présentés comme beaucoup plus sympathiques et authentiques, et c'est exactement ce que fait le téléfilm avec Giselher. Les autres adaptations ont tendance à délaisser les princes et le reléguer à de la figuration, la faute à une multitude de personnages à gérer, et leur rôle relativement mineur sur l'intrigue. Ici, Giselher devient l'ami sincère de Siegfried, et prend plus de place de l'intrigue... central, même, au moment du fameux final. Il veut participer à l'action, mais Gunther lui refuse pour ne pas risquer les deux princes dans les mêmes batailles. C'est classique comme motivation du personnage, mais ça fonctionne particulièrement bien lorsqu'il se lie à un héros badass tel que Siegfried, on comprend l'admiration sincère, l'intérêt passionné pour les récits d'antan, et en plus le scénario nous dispense du cliché de prince en brindille incapable de tenir une épée (ça, il l'est) mais qui se comporte en royal connard hautain tout le film. On croit que ça va être ce cliché insupportable, et puis en fait non... grâce à l'influence positive de Siegfried. C'est un choix excellent. Plutôt que de se concentrer sur les connards et les traîtres, le téléfilm décide de consacrer un peu de temps à des aspects plus nobles et lumineux bien présents dans les sources, mais trop souvent négligés. Et j'approuve totalement !

Giselher dans son adaptation la plus développée, pour une fois qu'il n'est pas un PNJ.
 

Son indiscrétion cause involontairement la perte de Siegfried, mais ce n'est pas par malice, et il est non seulement dévasté par la mort de son ami - on le voit pousser des appels à l'aide déchirant lorsqu'il trouve le corps - et désapprouve on frère et Hagen. Il finit par faire montre du courage et des valeurs qu'il admirait chez Siegfried dans le final, et survit pour devenir le nouveau roi des Burgondes. C'est un changement radical des sources où il périt dans le carnage final causé par la vengeance de Kriemhilde, un happy end pour un personnage arraché à l'arrière-plan pour incarner une vision héroïque positive, non ternie par les trahisons et la cupidité, le meilleur du marteau et de la croix. Alors certes c'est une réinvention complète du final et ça change complètement le ton, mais ce téléfilm a de toute manière décidé de jeter toute la seconde partie de l'intrigue à la poubelle, alors cela acté, quitte à développer un protagoniste comme Giselher, au moins voilà une façon de faire en accord avec l'esprit du personnage, pas en le tordant dans tous les sens pour en faire complètement autrui, mais en gardant le nom pour prétendre adapter les sources.

Une Kriemhilde plus ambiguë
Enfin, avant de passer aux personnages plus sombres, il faut évoquer le cas de Kriemhilde. Le téléfilm fait un choix qui le distingue des sources scandinaves sur un point essentiel : la potion d'oubli (absente de la tradition continentale). Normalement, on fait préparer la potion pour Sigurd et on la fait servir par Gudrun. Seulement, elle ne sait pas ce qui se trouve dans la coupe, ou du moins ce n'est pas clair. Elle n'est pas présenté comme complice des machinations visant à faire faire oublier Brynhild à Sigurd. Tandis que dans le téléfilm, Hagen lui explique le plan et elle accepte. Cela lui donne un peu plus d'épaisseur et surtout, quand tout partira en vrille, une culpabilité la poussant à se confier à sa rivale - trop tard pour sauver Siegfried. Cette conversation à cœur ouvert où elle avoue tout, et explique que tout est dû à une potion, existe dans la Völsunga Saga... entre Sigurd et Brynhild. La voir transposée entre les deux rivales fonctionne très bien également, avec de l'extra drama puisque Brunhilde réalise qu'au moment où on lui révèle l'innocence de Siegfried, le plan qu'elle a initié pour le voir mort est en train de se réaliser sans qu'elle ne puisse plus rien y faire. Dans les sources, elle ne veut jamais faire marche arrière et ne pleure (dans certaines sources) qu'une fois le corps de Siegfried rapporté à Worms. Un peu de méli-mélo scénaristique, donc, mais ça reste tout à fait dans l'esprit.

Le côté obscur : Hagen, Alberich et les Nibelungen

Hagen est relativement "simple" dans cette version, c'est le mauvais conseiller classique habillé en noir et qui susurre à l'oreille du roi. Alors il n'est pas borgne, ni spécialement moche, mais il a sa cicatrice à la joue... enfin, le même genre de cicatrice qu'Anakin Skywalker, quoi, juste histoire de dire qu'il y en a une, on ne peut pas vraiment dire qu'il soit défiguré. En revanche, il est bien le fils d'un alfe, et non des moindres ! En effet, la petite nouveauté est d'introduire un lien filial avec Alberich lui-même ! C'est une pure invention du téléfilm, encore une fois pour épaissir tous les rapports entre personnages afin d'avoir une intrigue plus compacte, et bon, en soit, pourquoi pas ? Après tout, Alberich a bien violé la mère d'Ortnit "pour dépanner" alors pourquoi pas la mère de Hagen ? C'est la forme finale du rapprochement des deux personnages entamé dans le film de 1966, où ils se retrouvaient autour de leurs points communs : à la frange, non chrétiens, froidement pragmatiques, prêts à tout.

Olala, comme cette cicatrice le défigure... Olala qu'il est laid (non.)

Le duo fonctionne bien : on a donc un père et son fils magouillant dans les coulisses, avec un Hagen honteux de son lignage et collabore avec son père parce qu'il a besoin de sa magie, mais répugne à le faire et interdit à Alberich de l'appeler "fils". Et c'est cool ! Le Hagen des sources déteste entendre la rumeur sur son père alfe, et on retrouve bien cela ici. En l'absence du personnage de la vieille Grimhild pour concocter des potions, Alberich rempli la fonction logiquement, et c'est lui qui préparera la potion d'oubli qui permettra aux Burgonde de marier leur sœur Kriemhilde à Siegfried. Ce changement induit que Hagen a un droit sur le trésor, puisqu'il est à moitié Nibelung, ce que les sources ne lui accordent pas. Quelque part, il est cette fois "dans son droit" lorsqu'il cherche à récupérer le pactole, tandis que Siegfried a tué le dragon qui s'était emparé du magot, et peut donc faire valoir son droit de le garder. D'ailleurs j'adore quand les Nibelungen apparaissent pour dire à Siegfried "Bon bah merci d'avoir tué le dragon, mais à la base le trésor est nous donc... bye." Et Siegfried de répondre "Hum, c'est marrant, j'avais plutôt l'impression que c'était le trésor de Fafnir, si vous le vouliez, il suffisait de le reprendre, je pense que je vais le garder." Peu ou prou ce que Siegfried rétorque à Alberich dans les sources.

Alberich (Sean Higgs), magicien et maître des potions qui foutent la merde.

Je suis plus circonspect de faire d'Alberich un Nibelung que ses pairs auraient puni pour sa cupidité en lui retirant son immortalité. On sent que les auteurs du script n'aimaient pas avoir un personnage aussi important disparaître sans rien dire comme un oubli, alors que bon, c'est ainsi que les nains vont et viennent dans les poèmes. Il fallait donc s'en débarrasser à l'écran, et qui d'autre que le meurtrier de Siegfried pour tuer son propre père à l'écran ? Ça fait un peu Shakespeare du pauvre, mais bon, Hagen qui tue son alfe de père, cause de tant de honte, ça correspond bien à l'esprit du personnage.

Et puis l'interprétation des Nibelungen comme un peuple vaporeux/brumeux, c'est à dire une interprétation extrêmement littérale de l'étymologie... c'est intéressant. J'ai vu plus souvent "ceux de la brume" que "ceux de brume" mais bon, pourquoi pas. C'est original et pas nécessairement faux... du moins si on ne regarde pas comment les Nibelungen sont décris dans le Nibelungenlied. Qu'il s'agisse de nains, des Burgondes, voire des Francs, personne n'en fait jamais des espèce de spectres de brumes.

Les Nibelungen et leur trésor.
 

Et toujours plane l'ombre de Richard Wagner

Parmi les trucs et astuces magiques d'Alberich, outres les potions il y a le Tarnhelm. Avec le Tarnhelm, le téléfilm poursuit la tradition amorcée par ses prédécesseurs en préférant Richard Wagner aux sourcex médiévales. Dans celles-ci, Alberich possède une Tarnkappe, soit une cape d'invisibilité ou littéralement de camouflage, et quiconque la porte est invisible. Siegfried mettra la main dessus et s'en servira à plusieurs reprises, notamment assister Gunther dans ses épreuves pour conquérir Brunhilde : il se tient à ses côtés sans être vu et c'est lui qui jette le rocher, la lance, et se bat contre elle. Dans les sources scandinaves, l'équivalent des trois épreuves est le franchissement du mur de flammes qui entoure Brynhild, qui est accompli cette fois par Sigurd métamorphosé par une potion magique pour prendre l'apparence de Gunnar. Richard Wagner, dans sa Tétralogie de l'Anneau des Nibelungen, fusionne les deux idées et crée le Tarnhelm, le casque de camouflage, qui ne rend pas seulement invisible, mais permet de changer d'apparence, de se téléporter, ta gueule c'est magique. Il introduit également une formule magique nécessaire pour déclencher le prodige. 

Harald Reinl, en 1966, parle bien de Tarnkappe et l'effet est effectivement l'invisibilité, mais il lui adjoint la formule magique du Tarnhelm avec tous les problèmes que ça implique (j'en parlais ici), d'ailleurs même le design - un genre de bout de filet de pêche à poser sur la tête et repris du film de 1924 - évoque plus le Tarnhelm que la Tarnkappe. 

Or, voilà que le téléfilm assume, comme Lang, qu'il s'agisse du Tarnhelm et le nomme ainsi, le design est comme un filet mais en fer, ce qui fait du téléfilm celle des trois versions portées à l'écran la plus fidèle à la description de Wagner, à savoir un genre de casque de maille dorée. Ici on a même droit à une visière similaire à un casque type Gjermundbu, et il faut toujours employer une formule magique : nous sommes complètement de retour cher Wagner. Complètement ? Pas exactement, car la formule est légèrement modifiée. De "Nuit et brouillard, personne n'est pareil" on passe à "Ombres et vapeurs, tous semblables." La référence est reconnaissable mais on évite le gros moment gênant de la version de 66 qui répète "Nacht und Nebel" encore et encore. Alors on s'est bien moqué du budget, hein, mais mine de rien le téléfilm vient de donner une leçon d'écriture à la superproduction de Reinl. 

Néanmoins, cela trahit surtout l'influence durable de Wagner sur l'imaginaire lié aux Nibelungen. Je le dis souvent sur ce blog, mais là on en a un exemple concret : on continue à reprendre des éléments purement Wagnériens en 2004, 135 ans après la première représentation du Rheingold qui les introduisit. La présence d'autres éléments de 1966, comme l'oracle runique de Brunhilde, pourrait laisser penser qu'il ne s'agit en réalité que des hommages au diptyque de Reinl, mais comme je l'ai montré, le téléfilm est ici encore plus proche de Wagner que ne l'était Reinl !

Dans cette version, l'oracle lit des runes... très, très précises visiblement, vu le pavé de texte sur chaque morceau d'os. C'est pas très crédible, mais quand même moins débile que la version de 1966 !

Une surprenante fidélité au Nibelungenlied... jusqu'au drame

Une fois passé l'introduction des personnages qui, comme on l'a vu, est un mélange d'inventions et de sources diverses, l'intrigue file sur les rails familiers des Nibelungen... mais toujours avec ces touches d'improvisation. On donne une raison pratique à ce Siegfried amnésique de se rendre auprès des Burgondes : lui et son maître livres des épées pour le roi Gunther. Sauf que patatras ! Le royaume subit les assauts d'un dragon, et il faut aller le poutrer... Gunther y va avec ses hommes mais revient tout seul et mal en point. C'est seulement à ce moment-là que Siegfried va tenter sa chance. Cette version offre un moment de bravoure authentique à Gunther avant les manigances dégueux vis à vis de Brunhilde etc. Comme le film de 1966, on redore un peu le blason du personnage, bien que le téléfilm ne cherchera pas à en faire un mec sympa mal conseillé et plein de remords.

 

Siegfried tue l'iguane géant cracheur de feu et se baigne dans son sang, revient avec la tête du monstre, puis vient l'épisode de l'attaque des rois Saxons. Il évite une bataille rangée qui verrait de nombreuses pertes humaines au profit d'un duel de champions : lui contre les deux rois, dont l'un assez massif interprété par Ralf Möller. Et là, encore une fois, c'est du génie ! Ils n'ont clairement pas le budget pour la bataille décrite à ce moment-là par le Nibelungenlied, tout est passé dans le dragon, mais ils s'en sortent par une pirouettes des plus douces : ils empruntent au Nornagests Þáttr, où Sigurd, dans une campagne similaire (et sans doute la même en réalité), décide d'affronter le champion adverse, le géant Starkad, pour épargner ses hommes. Et il le défonce d'un coup de pommeau dans les dents, remportant la bataille. OUI ! OUI ! PARFAIT ! C'est comme ça qu'on bricole, pas n'importe comment !

Devenu très populaire auprès des Burgondes et ayant retrouvé la mémoire de son lignage en affrontant les deux rois qui avaient tué son père, Siegfried devient un enjeu pour Gunther qui veut le marier à sa soeur Kiremhilde, malgré Siegfried lui-même qui veut Brunhilde. Bref, à partir de ce moment-là, on est revenu fermement dans le Nibelungenlied. Hagen obtient de son père Alberich la potion d'oubli qui permet de manipuler Siegfried, et puis on part en Islande. Tout est à peu près comme dans le poème, la triple épreuve devient un seul combat singulier à la hache double (soupire...) avec une séquence d'action délayée à coup de glace qui se brise et de chute d'eau... bon, en soi, pourquoi pas, ça offre plusieurs occasions à Siegfried, sous l'apparence de Gunther grâce au Tarnhelm, de duper Brunhilde et la convaincre que Gunther l'a bien dominée dans les règles et sait faire preuve de courage.

De retour à Worms on a droit à Gunther n'arrivant pas à consommer son mariage et nécessite l'assistance de son ami pour "mater" Brunhilde, suivi de l'épisode de la querelle des reines (Oui ! Oui !). Franchement c'est fait avec tellement de détails - comme l'humiliation de Gunther qui se fait ficeler comme un jambon toute la nuit - qu'encore une fois, pour une production télévisée et malgré toutes les inventions, je reste surpris de ce degré de respect. Même un truc à la con, mais Brunhilde est blonde et Kriemhilde brune (bon OK presque rousse)... a contrario de Fritz Lang mais en accord avec les sources (et Siegfried est bien brun, aussi!). D'ailleurs, un changement apporté ici peut sembler mineur, mais est, à mon sens très intéressant:

#humiliation #bondage
Dans les sources, Gunther ne parvient pas à consommer sa nuit de noce car Brunhilde se rend bien compte qu'il n'est pas aussi fort que celui qui a remporté ses épreuves. Elle l'humilie et dit narquoisement ne se donnera à lui que lorsqu'il aura "retrouvé ses forces". Deux versions de ce qui s'en suit disent la même chose, juste plus ou moins salement : soit Sigurd la viole, soit Siegfried lui arrache sa ceinture de force magique et laisse Gunther prendre la suite. Mais les deux versions racontent bien la même chose. Dans le téléfilm, c'est Brunhilde qui explique le pouvoir de sa ceinture et met au défi Gunther de la lui retirer. On a donc une nouvelle épreuve imposée, plutôt qu'un pur refus d'un "non" de la part de Gunther on serait dans une situation plus ouvertement consensuelle (les sources aussi présentent cela comme un défi, mais pas aussi pleinement). J'ai l'impression que ce changement avait pour but d'atténuer un peu la gravité de ce qu'on voit à l'écran, même si, en vérité, ça reste un viol : Siegfried prend l'apparence de Gunther pour retirer la ceinture, offrant au véritable Gunther une épouse soumise qu'il peut désormais consommer. Or, Brunhilde a soumis l'épreuve à Gunther uniquement, son consentement réside en ce que Gunther accomplisse la tâche. Thématiquement, ça ne change rien, toute ses motivations restent identiques.

La querelle des reines entre Kriemhilde et Brynhilde est assez fidèlement mis en image, avec l'altercation sur le parvis de la cathédrale et un échange bien foutu. Hagen s'empresse donc de servir sa reine et promet de se charger du problème (même si il a également des vues sur le trésor à des fins personnels mais bon). Et le plan, c'est le coup de la chasse. Inutile d'exploiter la naïveté de Kriemhilde pour savoir où frapper, car le film a déjà répondu à cette question. Oui, cette fameuse scène où Siegfried, Gunther et Giselher font le serment de frères jurés et mélangent leur sang, et que Siegfried taille d'abord dans sa main... mais rien ne se passe, avant de se couper dans le dos où se trouve son point faible. J'en ai déjà parlé dans cet article mais je dois réitérer que c'est une résolution géniale de l'incohérence des sources scandinaves. Cela étant dit, le récent film Hagen - Im Tal der Nibelungen use d'une scène similaire, or il adapte un roman de Wolfgang Hohlbein, publié en 1986, et que je n'ai pas lu. Peut-être que les scénariste du téléfilm l'ont pompé sur Hohlbein, ou que les scénariste du film de 2024 ont copié le téléfilm, je ne sais pas. L'idée est géniale, d'où qu'elle vienne.

Toujours est-il que Siegfried meure et qu'on arrive à la fin du film... seulement, normalement on devrait être à la moitié de l'intrigue. Malheureusement, après une si belle série d'adaptations astucieuses et efficaces et de références pointues aux sources, voici venir la catastrophe finale, et je ne parle pas des Huns qui sont totalement absents de cette version... Non, le véritable désastre de cette conclusion, c'est la conclusion elle-même, le moment où le film échoue lamentablement à maintenir ses standards et se vautre dans... et bien, une fin de téléfilm. 

Le Happy End honteux

Ça y est, nous y sommes. Siegfried est mort, et les tensions entre personnages sont à leur paroxysme. Nous voici dans la cour du château de Worms, un château énorme en plans larges mais avec une toute petite cour fermée, vous savez comme dans Hercules et Xena ou Les Anneaux de Pouvoirs (c'est cadeau), et le film a quelques minutes pour bricoler une fin qui remplace le plan machiavélique de Kriemhilde pour venger son époux dans un bain de sang impliquant un remariage avec Etzel, roi des Huns. Comment va-t-il s'y prendre ? Hagen et Gunther s'écharpent pour mettre la main sur l'anneau maudit des Nibelungen, dont le porteur possède de droit le trésor, le combat implique Brunhilde, réconciliée avec Kriemhilde, et Giselher qui essaye d'émuler son héros et vient au secours de son frère le roi (il échoue, mais c'est l'intention qui compte), tandis qu'un personnage secondaire tiré du Nibelungenlied, Dankwart, dont je m'étonnais de la présence vu la manière qu'avait le film de réduire au maximum le nombre de personnages, sert finalement à se joindre à Hagen, pour un combat plus "égal". Gunther est tué par Hagen (personne d'autre ne moufte, au passage), Brunhilde décapite Hagen (dans le poème c'est Kriemhilde à la fin du massacre à Etzelburg, mais comme Kriemhilde ne passe pas par sa transformation vengeresse, autant donner ce rôle à sa rivale/amie réconciliée), Giselher devient roi, on met le trésor sur le bateau funéraire de Siegfried dont la tête de dragon de la proue est littéralement le crâne de Fafnir (très bonne idée), y comprit l'anneau, et on y met le feu. L'or coule dans le Rhin, non plus caché par Gunther et Hagen pour leur seul profit, comme dans les sources, mais par Giselher et sa sœur afin de s'en débarrasser pour de bon, par ce que la cupidité, c'est pas bien.

C'est tellement nul que je préfère imaginer qu'après ça, Hagen se réveille en sueur sur sa couche et se dise "ouf, ce n'était qu'un rêve". Je comprends que tout le film s'efforce de tirer un aspect plus lumineux des sources que ses prédécesseurs, et qu'un Happy End colle donc à cette démarche mais... là c'est plus la fête du slip, c'est le Festival Sacré du Sous-Vêtement Divin, une fois tous les cinquante ans. C'est nul ! Tout ça pour ça...

Fafnir fait la même tronche que moi devant le final, tandis que tels Siegfried sur son dos, les scénaristes retournent le couteau entre mes côtes.

Mais vous voyez, là, en repensant à cette fin bidon, avec ma pression artérielle qui monte en flèche, je serai de nouveau tenté de dire que cette version n'est pas terrible, alors qu'en vrai, c'est pas mal du tout. Riche en références, astucieuse dans (la plupart) de ses ajouts et changements, ça donne une relativement bonne idée de l'intrigue... avant de se vautrer sur le final, certes, mais en terme de trahisons et de changements WTF, il y a pire. Bien pire.

Et on en parlera dans l'article suivant. 

Alors, faut-il voir le téléfilm ? Si c'est pour introduire un jeune public à la matière de Germanie, carrément. C'est fun, le dragon est cool, la violence est... modérée, et ça se finit (trop) bien. Une bonne porte d'entrée pour des enfants qui regardent déjà autre chose que Gulli, mais pas non plus de films trop mûrs. En revanche, les adultes pourraient trouver ça trop cheapos.

BONUS : Le Point Bande-Originale

Produite par Klaus Badelt, la musique est... de qualité inégale. Certains passages sonnent sympas et épiques, ou au moins corrects, d'autres comme composés pour un vieux jeu-vidéo. Les instruments synthétiques sont parfois franchement criards (il y a une arrivée """triomphale""" à Worms absolument dégueulasse). Heureusement, la musique est également peu envahissante, sympathique sans plus, on la remarque à peine, à part l'intro et conclusion du film qui sont une chanson de E-Nomine, Drachegold, à la narration bien cliché comme il faut. Un CD existe mais c'est essentiellement une compilation de chansons n'ayant aucun rapport avec le film, et deux ou trois pistes de score seulement.


 

Après cette adaptation pour la télévision, étonnamment satisfaisante pour des prémices pourtant peu engageants, nous sautons vingt ans dans le temps pour revoir, enfin, les Nibelungen au cinéma ! Ce qui n'était plus arrivé depuis le remake de 1966...

...ah ? Pardon ? La version avec le cochon qui parle ? Sortie un an à peine après le téléfilm ? Vous êtes sûrs ? La version avec le pipi, le caca et les prouts ?

Bon.

Soit.


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